Ecoutez, ça n'a rien à voir
Il y a un type à qui j'aimerais bien serrer la main, c'est celui qui a pondu la signature publicitaire du TGV. "Prenez le temps d'aller vite". Ce n'est pas le genre de phrase qui vous cloue au mur, d'accord, mais avouez que c'est drôlement bien trouvé. Et que ça traduit vraiment ce qu'on ressent lorsqu'on est assis, paisible et détendu, dans ce train magique qui réduit des régions entières à la taille de jardins. Une heure pour avaler Tours-Paris, de gare à gare, on dira ce qu'on voudra mais c'est quand même une prouesse. Surtout quand le trajet se fait dans le plus complet silence et un confort royal...
Il est vrai qu'aux heures où j'emprunte la ligne, le silence et le confort ne sont pas bien compliqués à obtenir. La plupart des passagers voyagent en solo, donc ne parlent pas. Quelques uns font crépiter leurs mains sur des claviers d'ordinateurs, d'autres froissent de temps à autre un journal. Mais la plupart finissent leur nuit ou prennent de l'avance sur la suivante, le plus souvent avec des écouteurs sur les oreilles pour bercer leurs songes.
C'est fou comme les trajets en TGV ont changé depuis que les lecteurs MP3 ont élu domicile dans nos vies. J'ai le mien, il m'accompagne, toujours fidèle et prêt à dégainer l'un des 500 titres importés de ma CD-thèque personnelle. Paramétré en lecture aléatoire, je le laisse me faire la surprise. Et me voici seul au monde, "Banale song" de Souchon en sourdine, à regarder se lever le soleil derrière les éoliennes de la Beauce. Véronique Sanson et son "être idéal" lui succèdent avant de laisser la place à un vieux Supertramp. Everything but the girl s'efface au péage de Saint-Arnoult et l'entrée dans le premier des tunnels est rythmée par les "Windmills of your mind" de Sting. Norah Jones s'installe un instant mais déjà on aperçoit le périphérique. Encore une dernière, allez. Je souris. Le petit Archos a envoyé Michel Jonasz et ses "Wagonnets"... Juste avant d'éteindre, coup d'oeil au témoin de batterie. Pas de souci, il y en aura largement assez pour le trajet du retour.