Du côté de chez Diane
Les cordonniers sont les plus mal chaussés, ce n'est pas une idée reçue. Après avoir vécu 15 ans à Paris sans mettre les pieds au Louvre ni gravir les marches de la Tour Eiffel, j'étais bien parti pour prendre racine en Touraine sans visiter le moindre château. Non, tout de même, je ne pouvais pas me laisser aller, ç'aurait été un peu "too much". Le Croco et moi avons coupé court à cette hérésie aujourd'hui même, profitant d'une visite de mes parents pour un week-end prolongé. Cap sur le château de Chenonceau, curiosité parmi la multitude de demeures royales de la région car bâtie non pas au bord d'une rivière, mais dessus. Et en l'occurrence, ce n'est pas - comme je l'ai longtemps cru - la Loire mais le Cher qui s'écoule paisiblement sous les arches.
On m'avait dit le plus grand bien de Chenonceau, tant pour cette particularité architecturale que pour la richesse des lieux. De fait, la demeure de Diane de Poitiers, favorite d'Henri II qui la lui avait offerte, est probablement l'une des plus remarquables qu'il m'ait été donné de découvrir. Pour qui rêve de toucher du doigt ce que la Renaissance a fait de mieux, les objets, toiles et tapisseries exposées dans toutes les pièces sont absolument exemplaires. Et je ne parle pas des cuisines, installées dans les soubassements du château : un régal pour les yeux ! Four à pain, billot, couteaux de boucher et batteries de casseroles donnent à cet endroit un cachet magnifique. On jurerait que le personnel va débarquer d'un seul coup et s'activer toute la soirée pour abreuver les convives réunis dans la salle de bal à l'étage supérieur. Il est tout aussi émouvant d'imaginer que c'est tout près de là, dans un petit cabinet d'à peine 20 mètres carrés, que Catherine de Medicis à qui Diane de Poitiers avait restitué le château après la mort d'Henri II, assura la régence du royaume de France.
Mais Chenonceau ne se contente pas d'être beau à l'intérieur : ses jardins méritent vraiment le détour. Il faudra d'ailleurs que nous revenions y flâner un peu, le froid et surtout l'imminence de la fermeture ne nous ayant pas permis d'y passer tout le temps que nous voulions. Pour autant, nous n'aurons pas eu l'impression de devoir nous presser. Le fait d'être pratiquement les seuls visiteurs (ah, que j'aime les RTT...) nous a permis de nous attarder partout où c'était possible. Au final, une bien jolie découverte qui donne envie de se replonger dans l'Histoire de France oubliée de nos cahiers d'école primaire. Et surtout de faire en sorte que cette visite ne soit que la première d'une longue série...