Le jour le plus long ?
Naître ou ne pas naître. Telle est la question que s'est posé (ou pas) monsieur bébé ces derniers jours. En tout cas, s'il lui a pris furtivement l'envie de s'éveiller au monde, celle-ci n'a pas pesé bien lourd face à la perspective de rester emmitouflé, bien au chaud, dans son cocon maternel. Vu la météo, c'est vrai qu'on peut le comprendre. Mais c'est un fait : à 41 semaines + 4 jours, "Tanguy-Désiré" comme l'ont affectueusement surnommé certains commentateurs de ce blog, n'est toujours pas là.
Ce n'est pourtant pas faute de lui parler, de lui expliquer qu'on aimerait bien faire sa connaissance après tout ce temps. Pas faute non plus d'essayer de lui secouer un peu les puces. Longues marches, montées d'escaliers, sacs remplis de packs d'eau minérale... Le Croco ne s'est privée de rien pour lui faire prendre le cap au sud. Mais non. Pas l'ombre d'une contraction ni la moindre fissure de la poche des eaux. Bien accroché, le mec. Une telle obstination, ça forcerait presque le respect.
Pour autant, une situation comme celle-ci ne peut plus durer. Ce n'est pas que cela nous enchante de lui forcer la main... surtout quand on nous dit qu'il se porte à merveille, que son coeur bat comme un métronome (ce n'est pas le fils d'un musicien pour rien), que son enveloppe placentaire est étonnamment peu calcifiée pour un bébé au-delà du terme. Ah ça, si on m'avait dit un jour que ma femme aurait un beau placenta... ! Mais c'est comme ça, le protocole est formel. Au-delà de 42 semaines, il y a des risques de souffrance foetale, alors c'est dit : demain matin, on va chercher bébé de force. Avec tout l'attirail médical connu. Ça prendra le temps que ça prendra, peut-être 24 heures au total, ce sera sûrement pénible pour moi et surtout douloureux pour le Croco, il y aura tous ces noms de produits barbares, prostaglandines, ocytocine, péridurale, et peut-être au final la méchante césarienne... mais on y va. Bon. Ce n'est pas ce que nous avions imaginé. Mais est-ce que c'est ça le plus important, finalement ?
Au lieu de nous faire une surprise, il nous a donné rendez-vous. Et alors ? Sans doute avait-il besoin de temps pour se faire beau... Et je suis certain qu'il le sera. Pour récompenser sa maman d'avoir su lui donner tout cet amour, de lui avoir permis de devenir (déjà) aussi fort et déterminé. Et aussi bien sûr pour me donner à moi, son papa, cette fierté toute bête, évidente, indiscutable, d'avoir reçu le plus beau cadeau du monde.